Reproduction musicale : analogique ou numérique ?


Pour les néophytes, un signal audio analogique est un signal dont la forme alternative respecte scrupuleusement les déplacements de la membrane du microphone enregistreur, c'est à dire des vibrations de l'air constituant le son et par là même la musique. Il nous est aujourd'hui fourni de deux manière. Par le vieux disque vinyle et aussi, dans une version limitée, par la modulation de fréquence qui matrice le son par porteuse.
Un signal audio numérique est le découpage de ce signal analogique en points selon une cadence que l'on nomme échantillonnage. Ainsi, le signal numérique d'un CD, qui est basé sur un échantillonnage de 44,1 KHz, dispose de 44 100 points à la seconde. Cela veut aussi dire qu'une fréquence de 20 KHz est définie par 2 points et une fréquence de 2 KHz par 20 points. Cette limitation de données numériques limitent la restitution d'un signal carré à 1 KHz, voire 5 KHz avec dégradation. Si je fais référence au signal carré, c'est que ce signal, par décomposition de Fourier représente une parfaite synthèse de toutes les fréquences et a servi depuis la création de la hi-fi comme le plus parfait test d'évaluation des systèmes de reproduction. Les anciens audiophiles n'ont pas été sans remarquer sa disparition des tests de mesures depuis l'apparition des amplis numériques.
Ainsi, si on voulait créer un signal numérique qui approche la perfection du signal analogique, il faudrait porter l'échantillonnage à une fréquence de près de 1 MHz, soit plus de 20 fois la fréquence d'aujourd'hui.
Si on s'en tenait simplement à ces constatations, le disque vinyle aurait toutes les qualités et l'audio-numérique serait renvoyé à une diffusion basique de bas de gamme. Or les deux systèmes ont des limitations qui, pour le mélomane, les laissent en concurrence.
Le disque vinyle est un procédé qui utilise une transformation électro-mécanique. Il subit différentes imperfections qui pondèrent ce qui devrait-être la suprématie de l'analogique.
- Bien qu'elle ait évolué à l'aide d'aimants surpuissants et de matériaux plus moderne, ainsi que des tailles de diamant proches du burin graveur, la restitution tient toujours à un diamant qui se promène dans un sillon et une cellule maintenue par un bras relié à une référence mécanique située à la base du plateau.
- Dans le grave c'est la fréquence de résonance basse de l'ensemble bras-cellule qui limite la restitution des fréquences et donne souvent le "caractère" de ce grave.
- La gravure du disque en spirale rend les flancs du sillon inégaux et pénalise la symétrie des reproductions gauche et droite. Pour avoir réalisé pendant des années des mesures de cellules sur un banc B&K, j'avais constaté que seul le canal gauche, qui correspond au flanc extérieur du sillon restitue une bande passante linéaire, et ce quelque soit le réglage d'anti-skating ou l'utilisation d'une platine à bras tangentiel.
- Pour une qualité équivalente, la restitution à partir d'une platine vinyle revient beaucoup plus chère que son équivalent CD. Elle dépend aussi plus de son environnement (vibrations extérieures) et peut aussi être sensible à de nombreux facteurs extérieurs.
La lecture CD est plus constante, surtout dans le grave qui se doit d'atteindre une perfection en raison de la multitude de points informatifs dont il bénéficie. Pour le reste, cela dépend du "matriçage" dont il a bénéficié lors de sa fabrication et de la réalisation du lecteur avec toutes les possibilités qu'offre le numérique : mémoires tampon, corrections d'erreurs, lissage, conversion, etc.
Une parenthèse pour rectifier une idée reçue hi-fi (une de plus). La lecture CD n'a rien de commun avec celle d'un vinyle. Le vinyle tourne à vitesse constante et cette régularité est un des importants gage de sa qualité. La vitesse de rotation d'un CD est à l'image de celle d'un disque dur. Il doit pouvoir changer sans arrêt de vitesse pour trouver les informations dont il a besoin. Sa principale qualité est sa vélocité. Si son mécanisme de lecture bénéficie d'un certain poids, lui-même doit rester le plus léger possible pour subir les accélérations et les ralentissements. L'un des plus grand progrès fut introduit par Matsushita par l'asservissement de lecture numérique en 1989. Inutile de rappeler que l'entraînement du CD par courroie ne fut qu'un argument marketing.
Enfin, je vois aujourd'hui des amplificateurs numériques avec une entrée phono. Cherchez l'erreur ! A moins que ce ne soit par confort, mais on cumule ainsi les défauts cumulés de la lecture vinyle, de la conversion A/N, et de la conversion N/A.
Jean-Claude Tornior